Sanctions de l'UE : proposition visant à renforcer l'application de la législation et à réprimer les violations

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L'UE a mis en place plus de 40 séries de restrictions, mais une enquête a conclu que leur application n'était pas uniforme. Cet article présente le plan de répression des violations des sanctions de l'UE.

Les mesures restrictives de l'UE 

Actuellement, plus de 40 séries de mesures restrictives sont en place dans l'UE. Ces mesures couvrent à la fois des sanctions spécifiques à certains pays et des activités généralement interdites, telles que le stockage et l'utilisation d'armes chimiques, les cyberattaques, les violations des droits de l'homme et le terrorisme.

Ces mesures restrictives sont juridiquement contraignantes pour tout État membre de l'UE, ainsi que pour toute entité relevant de la juridiction d'un État membre de l'UE. Par exemple, une société anonyme enregistrée en France est liée par ces mesures même si elle est détenue par un opérateur non européen. 

Toutes les restrictions, réglementations et décisions comportent généralement des clauses relatives aux points suivants 

  • La lutte contre le contournement - qui interdit la participation intentionnelle à des mesures de contournement. 

  • L'obligation de signaler les activités dont on sait qu'elles sont interdites.

Les rapports d'incohérence de la Commission européenne et le plan pour y remédier 

Ces dernières années, l'UE a amélioré l'adoption de mesures restrictives, notamment en réaction à des violations d'obligations internationales ou à des conflits - comme les restrictions commerciales imposées à l'Iran et les sanctions contre la Russie à la suite du conflit en Ukraine.

Toutefois, la Commission européenne a souligné que l'application incohérente de ces sanctions dans les différents États membres a entraîné un affaiblissement de leur impact. Il est donc nécessaire d'identifier immédiatement ces faiblesses et de les renforcer. Dans le cas contraire, les initiatives récentes telles que les sanctions de l'UE contre le fer et l'acier russes ne seront pas aussi efficaces que prévu. 

Le 25 mai 2022, le Conseil de l'UE, sur proposition de la Commission européenne, a décidé de considérer la violation des mesures restrictives de l'Union européenne comme une activité criminelle, ce qui nécessite l'adoption de critères minimaux conformément à l'article 83, paragraphe 1, du TFUE (traité sur le fonctionnement de l'Union européenne). 

Cela a permis à la Commission de l'UE d'introduire une proposition pour les définitions officielles de ces infractions pénales et de leurs sanctions, qui a été soumise en décembre 2022. Suite aux discussions entre la Commission européenne, le Conseil de l'UE et le Parlement de l'UE en février et mars, le Parlement de l'UE a suggéré des amendements en mars 2023. 

Le 7 juillet, la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a publié un rapport basé sur ces amendements. 

Les principaux objectifs de la proposition sont les suivants 

  • Définir les infractions pénales applicables en cas de violation des mesures restrictives de l'UE. 

  • Définir approximativement les niveaux de violation et les sanctions appropriées. 

  • Favoriser les enquêtes et les poursuites transfrontalières. 

  • Améliorer l'efficacité opérationnelle des chaînes d'exécution et des sanctions nationales.

Pourquoi y a-t-il des incohérences dans l'application des mesures restrictives ?

La violation des mesures restrictives de l'UE est actuellement considérée comme un délit lorsqu'elle est commise intentionnellement par un sujet (personne, entreprise ou autre entité telle qu'une fiducie). Toutefois, les États membres de l'UE ont des points de vue différents sur l'infraction et l'application des mesures restrictives. 

À l'heure actuelle, seul un État membre sur douze considère la violation comme un délit et prévoit des niveaux d'application dans le pays. Un autre État membre considère également qu'il s'agit d'une infraction administrative. Toutefois, ces définitions et leurs sanctions respectives ne sont pas harmonisées. 

Par exemple, certains pays considèrent l'infraction administrative comme une amende de 1 200 à 10 000 euros. D'autres prévoient des amendes de 6 000 à 37 millions d'euros, et d'autres encore une peine d'emprisonnement de deux à douze ans. Bien qu'il s'agisse d'une infraction commise au niveau de l'UE, le risque encouru par les contrevenants dépend en grande partie de leur situation géographique.

La proposition de la Commission européenne vise à unifier la définition des infractions et les clauses additionnelles relatives à la circumnavigation et à l'éthique, ainsi que leurs sanctions respectives en cas de violation. Cela permettra d'assurer une application et une sanction égales dans l'ensemble de l'Union européenne. 

Quels sont les éléments proposés pour les violations des sanctions de l'UE ? 

La proposition de la Commission européenne introduit quelques exemples de sanctions en cas de violation des sanctions de l'UE : 

  • Une peine maximale de cinq ans de prison en cas de violation directe, ou d'un an lorsque la violation inclut la circumnavigation, pour des ressources d'une valeur comprise entre 50 000 et 100 000 euros. 

  • Une amende de 10 millions d'euros lorsque la violation porte sur des valeurs supérieures à 100 000 euros, qui peut être portée pour les entités à un montant compris entre 5 et 10 % du chiffre d'affaires global de l'exercice précédent. 

  • Exclusion des appels d'offres publics, des avantages ou des aides. 

  • Interdiction d'exercer des activités commerciales. 

  • Retrait des permis et autorisations douanières.  

  • Le contrôle judiciaire ou la liquidation. 

La proposition contient également des facteurs atténuants et aggravants. Ceux-ci concernent les initiatives humanitaires et militaires, afin de garantir que ces services essentiels ne soient pas entravés par des mesures restrictives qui ne sont pas destinées à cet effet.

Quelle est la prochaine étape de la répression des violations des sanctions de l'UE ? 

Les trois institutions de l'UE (Commission, Conseil et Parlement) ayant formulé leurs recommandations, la proposition va maintenant être traitée en première lecture, avant d'être discutée et amendée si nécessaire. Une fois qu'elle sera entrée en vigueur, on peut s'attendre à une intensification des enquêtes, les États membres mettant en place des cadres de coopération internationale et d'application de la loi. 

Carlotta Bugamelli, experte en relations internationales et en sanctions auprès de Customs Support, explique : "L'harmonisation de l'application des sanctions de l'UE est une étape cruciale dans l'amélioration de leur efficacité. En imposant des sanctions dissuasives et en veillant à ce qu'elles soient cohérentes, l'UE envoie un message clair aux contrevenants : ils seront tenus responsables de leurs actes. Il est essentiel que l'UE reste unie face à ceux qui tentent de saper ses sanctions". 

Customs Support dispose d'experts internationaux tels que Carlotta, positionnés dans les États membres de l'UE dans toute l'Europe, fournissant des conseils locaux et au niveau de l'UE à des entreprises comme la vôtre. Si vous souhaitez obtenir de l'aide pour évaluer votre chaîne d'approvisionnement en vue d'une éventuelle violation des sanctions de l'UE, contactez-nous dès aujourd'hui pour une analyse rapide des douanes.